Dimanche 29 mars Evangile et Homélie

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie,
le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux.
C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
 En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
 Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
 Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. »
  Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? »
 Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ?
Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »
 Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »
 Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.
 Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là,
à cause de vous, pour que vous croyiez.
Mais allons auprès de lui ! Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
 À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.
 Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades
(c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus
réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison.
 Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
 Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
 Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. »
 Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.
Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : t u es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
 Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie
et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus.
Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait,
et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? »
Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait !  Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
 Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau.
C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. »
Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre.
Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
 Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »
Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

 – Acclamons la Parole de Dieu.

Alors que nous nous trouvons confinés dans nos maisons, que chaque heure d’information qui passe alourdit inexorablement le nombre de victimes de la sournoise maladie qui rôde autour de nous, l’évangile de ce dimanche se sent tenu de mettre en scène la résurrection d’un mort. Mais qu’allons nous donc pouvoir bien faire de ce récit ?
Déjà, en temps plus ordinaire si je puis dire, il me toujours semble très hasardeux de dégager de grandes vérités d’une expérience qu’aucun de nous n’a faite. Est ce à dire que je prends l’évangile avec trop de recul ? Peut-être, mais pour autant je ne mets pas en doute ce qui a pu se passer à Béthanie, ce n’est pas mon idée. Je suis même assez enclin à accueillir un peu de « transcendance » pour employer de grands mots, dans mon humble existence.
Quoi qu’il en soit cela ne me donne pas plus d’autorité pour commenter le texte.
D’autre part devant une difficulté de sens, j’aime bien justement m’en remettre au « bon » sens, à la sagesse humaine telle qu’elle s’est amassée génération après génération.
Et que dit elle en l’occurrence ? Que, depuis l’autre côté de la rive, nul n’est jamais revenu, une manière simple et raisonnable de clore le débat.
Arrivé à ce point les choses semblent se présenter sous la forme d’une alternative difficile à concilier,
Ou je reste désespérément humain et mon regard trop court m’empêche de voir au delà de la simple succession des jours, ou alors je m’en remets à Dieu comme on se jette dans le vide, renonçant à toute forme de « raisonnabilité », sur le mode difficile à suivre de : « moins ça parle à mon humanité et meilleur c’est pour moi. »
Tout cela n’est pas simple à mettre en mots je m’en aperçois bien, mais je me dis que notre monde aujourd’hui, y compris dans la grave crise que nous subissons, est bien au cœur de ce débat, mais tant que nous durcissons les positions il est difficile d’avancer un pas.
A mes yeux, le chemin de la foi passe au milieu de cette alternative. En effet celui ou celle qui l’emprunte ne peut pas renoncer à demeurer humain, comme il ou elle ne renoncera pas non plus à crier vers Dieu bien au contraire. Ce n’est donc pas une voie contre une autre, ce sont les deux voies ensembles, c’est bien cela qui construit ma foi.
Pris en ce sens le texte de ce dimanche ne présente plus les mêmes difficultés. En effet, l’expérience de la mort de ceux auxquels nous sommes attachés est une réalité qui me parle et ce ne sont pas les jours que nous vivons qui nous apportent beaucoup de légèreté à ce sujet. Mais l’expérience de la Vie que Dieu donne m’est aussi familière. J’y ai déjà goûté en de nombreuses occasions, sans compter toutes celles que je n’ai pas su vraiment relire, et desquelles, du coup, j’étais un peu absent alors que le Seigneur y était complètement présent.
J’en sais donc assez pour avoir la certitude que la vie que Dieu donne dépasse de beaucoup le strict cadre de ce qui m’est directement vérifiable.
La résurrection de Lazare n’est donc plus un fait dont il me faut soupeser la proportion de vraisemblable. La résurrection de Lazare dont je n’ai pas le plus petit début d’une quelconque conceptualisation est comme un signe, le signe d’un Dieu qui appelle à la vie, bien plus loin que toutes nos peurs, et que toutes les humiliations que nous portons.
C’est la Vie qui rend libre et nous emplit de forces pour aimer, la Vie que Dieu donne et qu’il ne reprend pas. Garde nous Seigneur dans cette Vie là, maintenant et toujours. Amen.
Mathias

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