Le Bon Pasteur

Je ne l’affirmerai pas, mais en réalité je ne suis pas très certain que dans les bergeries modernes les brebis aient encore des noms, de sorte qu’il semble difficile de pouvoir les appeler « chacune par son nom » et je ne suis pas sûr non plus qu’elles se fient tant que cela à la voix du berger, craignant plus probablement les crocs du chien dans leurs jarrets.
Tout cela pour rappeler qu’il ne faut jamais se sentir tenu de considérer les images évangéliques comme des vérités figées, applicables telles quelles à la complexité de nos vies.
Ce n’est pas inutile de se le redire.
En fait de quoi est-il question ici ? De l’expérience de la confiance comme unique chemin pouvant nous mener jusqu’à Dieu, d’ailleurs foi et confiance se situent bien dans le même champ de vocabulaire.
En ce moment dans notre monde c’est plutôt dans la défiance généralisée que nous évoluons. Pas un seul jour ne se passe sans qu’un avis péremptoire, d’ordre sanitaire, ne soit émis, et le même jour ne s’achève pas sans que l’avis précité ne soit dévalué, critiqué. Difficile de s’y retrouver pour le citoyen ordinaire que je suis, homme de bonne volonté, déterminé à faire de mon mieux, sans pour autant être spécialiste des questions médicales, économiques, diplomatiques…..
Que faut-il croire ? Que faut-il ne pas croire ? Ai-je toujours bien conscience que les images savamment « montées » manipulent ma pensée, ou pire, qu’elles viennent faire naitre en moi la soif d’autres images, et que je deviens « addict » à la catastrophe sans même m’en rendre compte. Pour peu que des analystes de tous poils n’ajoutent leur commentaire alors me voilà complètement perdu.
Le premier ministre peut bien prendre un ton solennel et grave au moment de ses annonces, je finis pas penser qu’il veut de toute manière m’emmener ailleurs que ce que je comprends, qu’il ne me dit pas tout parce que lui sait très bien qu’il n’y aura jamais assez de masques et que les messes publiques resteront interdites par simple désir de persécution de la minorité croyante de notre pays.
C’est tout de même bien terrible d’en arriver là !!!
Si nous sommes rendus à ce point les brebis et les moutons ne sont plus à chercher dans
un quelconque récit mais bien dans la société humaine de notre temps, là où le dernier qui parle a raison, pour peu qu’il crie un peu plus fort que les autres, ou qu’il use de l’invective avec davantage de dextérité, ou encore qu’il manie tweeter avec une promptitude sans égale.
Finalement, même si elle garde un côté naïf un peu enfantin, la parabole évangélique dessine un monde autrement plus attirant et engageant que celui de nos sociétés médiatiques avancées.
Dans la bergerie de l’évangile il y a une place pour la confiance, les brebis écoutent la voix qui s’adresse à elles et reconnaissent l’autorité du berger dont elles savent bien qu’il les conduit sur un juste chemin, celui qui va vers la Vie.
Peu m’importe finalement que l’image ne soit pas très réelle puisqu’elle me touche, qu’elle m’atteint et qu’elle suscite en moi ce qu’il y a de meilleur, le goût de tenir ma place, de répondre à la voix qui appelle, et à la joie de faire partie du troupeau.

Mathias

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