Le Carême, un chemin vers notre Dieu

Le carême, un chemin vers notre Dieu.

A première vue, notre monde inquiet nous incline bien davantage à nous fermer sur nous même, plutôt qu’à ouvrir notre cœur et nos mains.
Portée à haute température par le dictat médiatique, cette tendance s’insinue en nous jusqu’à pouvoir nous faire envisager tout autre comme un ennemi.
L’autre ; celui qui me menace, qui me harcèle, qui me pollue…
Pourtant il n’y a pas de chemin vers Dieu qui ne passe d’abord par l’autre, les autres !
Aussi c’est à eux que je dédie ce carême. Tous ceux que j’oublie, que je ne voie pas, celles et ceux dont j’ai peut-être peur, parfois.
Que ces quarante jours nous permettent de mieux les retrouver, et que le Seigneur nous y aide, simplement pour notre joie…et la Sienne.
Mathias

Mercredi des cendres, 26 février 2020
« Ne fais pas sonner la trompette devant toi » Evangile selon Saint Matthieu au chapitre 6.

La trompette est un magnifique instrument. Sous son éclat tout l’orchestre s’envole, c’est pourquoi elle intervient peu et d’une manière toujours très préparée. La trompette isolément est assourdissante et inutile.
Même si le carême est un chemin personnel, je le vis en communion avec d’autres.
Alors que je commence, je me laisse habiter par leur visage, avec une attention particulière pour celles et ceux dont je me sens le plus loin.

Jeudi 27 février
« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même » Evangile selon Saint Luc au chapitre 9.

Renoncer à soi même n’est pas synonyme de devenir martyr. Ce ne peut-être une prétention. Renoncer à moi même : changer mon point de vue de départ. D’abord pour comprendre l’autre, ce qu’il me dit ou ce qu’il ne me dit pas et me laisser déranger par lui, au sens le plus noble.

Vendredi 28 février
« Le jeûne qui me plait (dit le Seigneur), n’est ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » Livre du prophète Isaïe au chapitre 58.

Il y a mille manières de se rendre présent aux autres, mais il y a encore bien davantage de manières de les fuir, avec tous les faux discours intérieurs capables de le justifier.
Pour la journée qui s’ouvre à moi je demande au Seigneur la grâce de ne pas me dérober. D’être là où je dois être avec toute ma personne ouverte à l’autre. De tout cœur.
Samedi 29 février
« Ainsi parle le Seigneur : Si tu fais disparaître le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi tu désires, si tu combles les désirs du malheurs, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. » Livre du prophète Isaïe au chapitre 58

Ce que je fais pour l’autre ne vient pas me constituer un capital de bons points négociable pour la suite, ou bien alors je me trompe. Ce que je fais pour l’autre est comme un fond perdu, mais qui m’ouvre à la vie, à la grande Vie, la vie que Dieu donne, qui ne se corrompt pas et qui ne passe pas.
Seigneur, permets moi un geste concret pour aujourd’hui.

Lundi 2 mars
« La loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie ; la charte du Seigneur est sûre qui rend sage les simples » Psaume 18

Une nouvelle semaine s’ouvre et je demande au Seigneur qu’elle puisse me permettre d’aller vers la Vie à sa suite.
Une journée qui passe comporte de multiples aiguillages. J’ai toujours un risque de me perdre en les franchissant, et de me retrouver sur la voie de garage, immobile et fermé(e).
Mais je peux aussi risquer une voie nouvelle que je ne connais pas. Changer ma manière de faire, choisir d’autres paroles et qui vont vers la Vie.

Mardi 3 mars

« Remets nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » Evangile selon Saint Matthieu au chapitre 6.
A l’échelle financière devoir à un autre est quelque chose de terrible, surtout si l’on n’a pas la capacité de rembourser. On peut être pris dans ce cercle mortifère sans l’avoir réellement choisi, sans en être directement responsable, selon le pays qui est le mien, la famille dans laquelle j’ai grandi…Sans nul doute, nous sommes d’ailleurs biens tous couverts de dettes.
Il y a des personnes qui nous ont beaucoup donné et qui ne le sauront jamais. Je les présente avec reconnaissance au Seigneur dans ma prière, je crois qu’il les connaît et ne perd rien de tout ce qui nous fait grandir.

Mercredi 4 mars
« Crée en moi un cœur pur, Ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. » Psaume 50

Un cœur pur ne me semble pas être un cœur atone, vide de tous sentiments sensibles comme peut-être parfois nous nous le représentons.
Un cœur pur c’est un cœur qui bat, qui se passionne, qui se dessaisit de lui-même et de toutes les entraves qui l’empêchent d’aimer librement.
C’est ce cœur que je demande au Seigneur, un cœur qui chante du fond de moi un chant qui vient de bien plus loin que moi.

Jeudi 5 mars
« Demandez, on vous donnera, cherchez vous trouverez ; frappez on vous ouvrira » Evangile selon Saint Matthieu au chapitre 7

L’une des pires tentations d’aujourd’hui est peut-être ce penchant pour l’auto suffisance que distille incessamment notre société remplie d’individualisme.
Muni(e) de mon smartphone et bardé(e) d’applis je n’ai plus besoin de personne. Tout est disponible à la simple hauteur de quelques clics.
Tout, c’est bien vrai, sauf peut-être l’essentiel. Le goût de la rencontre de l’autre pour rien, pour la joie dont il a la clé, parce qu’il est une porte qui m’ouvre à plus loin, jusqu’à Dieu lui même.

Vendredi 6 mars
« Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal » Evangile selon Saint Matthieu au chapitre 5.

Un procès pour une simple insulte ? Voilà qui n’est pas bien sérieux dans un monde où l’invective est de mise, surtout lorsqu’ il s’agit de débat public, ou de confrontations d’opinions différentes et légitimes.
L’insulte est le reflet d’un refus, même momentané, d’accepter l’autre avec ce qu’il est, ses incohérences, ses maladresses, peut-être en ce qu’elles me ramènent à celles qui me sont propres. Aujourd’hui je peux essayer de changer tout désir d’insulte en effort de compréhension, voilà une distinction notable.

Samedi 7 mars
« Heureux les hommes intègres dans leurs voies, qui marchent suivant la loi du Seigneur » Psaume 118

Ici le mot intégrité m’interroge, dans ce qu’il a de radical, d’exigeant. On ne peut pas être à moitié intègre, c’est antinomique. Il s’agit donc de l’être et de suivre le Seigneur en étant tout un. C’est une grâce à demander et encore plus à recevoir, pour ne pas risquer de devenir à nous même notre propre mesure, un véritable danger.

Lundi 9 mars
« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés » Evangile selon Saint Luc au chapitre 6

Il y a une manière de regarder l’autre qui, sans dire du mal de lui, l’assigne à résidence et le range dans un tiroir hermétiquement clos. Elle « est » ceci, il « est » cela !
Et moi, où m’a t’on rangé ? S’il est ainsi de la règle générale, la rencontre de l’autre est vraiment menacée. Comment allons nous dialoguer de tiroir à tiroir ?
Que le Seigneur me donne la force pour aujourd’hui de pouvoir ré-ouvrir quelques tiroirs que j’avais délibérément fermés.

Mardi 10 mars
« Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » Evangile selon Saint Matthieu au chapitre 23

Faire la leçon aux autres en leur tenant des propos moralisants ! Si vous avez des adolescents dans votre maison vous savez tout que cette attitude a pour eux d’irrecevable et de violent. Pourtant nous n’y renonçons pas toujours. Une parole critique n’est acceptable qu’ la condition qu’elle puisse ouvrir un chemin, et comme il y a des chemins difficiles à ouvrir, ceux là demandent des paroles prudentes, mesurées.
Que le Seigneur m’accompagne dans cette entreprise tout au long de ce jour.

Mercredi 11 mars
« Moi je suis sûr de toi, Seigneur, mes jours sont dans ta main : délivre moi des mains hostiles qui s’acharnent. » Psaume 30

Il y a des moments qui semblent vraiment difficiles et qui parfois le sont d’une manière réelle. La force de la foi c’est de nous permettre d’ordonner les choses, de leur donner un sens. Il y a ce avec quoi je me bats, il y a les sentiments que cela produit en moi et qu’il me faut reconnaître et nommer, et puis il y a le Seigneur lui même dont la fidélité n’est jamais prise en défaut. Je peux donc continuer à marcher.

Jeudi 12 mars
« Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec eux qui ricanent, mais se plait dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! » Psaume 1

Cette phrase est la toute première du premier psaume de la bible. Heureux celui qui n’entre pas au conseil des méchants, qui tourne le dos à toute forme de médisance, de jugement stigmatisant et blessant. Heureux celui qui ne siège pas avec ceux qui ricanent, qui refuse les procès publics même lorsqu’ils sont unanimes, et en apparence anodin.
Donne moi Seigneur la vigilance et le courage qui t’honore.

Vendredi 13 mars
« En voyant qu’il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité. » Livre de la Genèse au chapitre 37

S’il est une maladie de l’âme qui peut tout dévaster la jalousie est bien celle ci. Il est douloureux de se ressentir assiéger par la jalousie, mais il est de notre responsabilité de savoir ce que l’on en fait, même si ce n’est pas le plus simple des combats.
La jalousie peut bien avoir quelques racines fondées elle ne pourra jamais nous emmener nulle part. Elle nous incline à remettre notre vie au Seigneur, lui qui rend à chacun la juste place à laquelle il l’attend.

Samedi 14 mars
« Car mon Fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. » Evangile selon Saint Luc au chapitre 15

La joie de notre Dieu est de retrouver ses enfants lorsque ceux ci se perdent, et il est prêt à beaucoup pour cela. Comme le rappelle parfois le pape, notre Dieu ne se lasse jamais de notre désir de pardon, c’est seulement nous qui nous lassons de le lui demander.
L’occasion m’est donnée de reconnaître ces moments de ma vie au cours desquels je me perds, et plus encore de goûter à la joie de me laisser retrouver.

Lundi 16 mars
« Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? » Psaume 41

Il est bon de commencer cette nouvelle semaine en reconnaissant mon désir d’une vie unifiée toute emplie de la Vie même du Dieu vivant.
Voilà un désir auquel notre monde semble bien peu ouvert, ce qui nos renvoie à une solitude inconfortable et pesante. La quête de Dieu ne s’éteint pourtant jamais dans le cœur de l’homme. Elle se met en sommeil jusqu’à ce qu’elle puisse trouver appui sur celle d’un autre chercheur de Dieu. Demandons au Seigneur de nous garder sur ce chemin.

Mardi 17 mars
« Seigneur lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? Jésus lui répondit je ne te dis pas jusqu’à sept fois mais 70 fois sept fois. » Evangile selon Saint Matthieu chapitre 18

Dans l’évangile 70 que multiplie 7 ne font pas 490, mais plus sûrement, toujours. L’ordre du pardon ne demande pas des comptes, en tous cas pas des comptes qui nous soient directement mesurables. Vivre à l’image du Christ implique que nous puissions toujours redonner une chance à quiconque, et si cela nous dépasse, ce qui est possible, accepter que d’autres puissent redonner la chance qui ne nous est plus atteignable.
La condamnation définitive et sans appel n’est pas de notre ressort, gardons nous d’en prononcer une quelconque.

Mercredi 18 mars
« Mais prends garde à toi : garde-toi de ne jamais oublier ce que tes yeux ont vu ; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Lecture du livre du Deutéronome chapitre 4.

En guidant les hébreux vers la terre promise et vers la liberté, le Seigneur a montré sa fidélité, son désir d’une alliance vivante qui grandit l’homme.
C’est à chacun de nous de la faire vivre aujourd’hui, d’en être digne, et cela passe par des choix plus ou moins grands mais qui sont toujours à faire lorsque notre tour est venu de les faire. Prions pour que le Seigneur nous éclaire si nous sommes pris dans l’un d’eux.

Jeudi 19 mars
« Espérant contre toute espérance, il a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations selon cette parole : Telle sera la descendance que tu auras ! Et voilà pourquoi il lui fut accordé d’être juste. » Lettre de Saint Paul apôtre aux Romains.

En ce jour de la saint Joseph, cette phrase de l’apôtre Paul nous ramène jusqu’à la première alliance avec Abraham. C’est à ce point que se mesure l’amour gratuit de notre Dieu dans ce qu’il a justement d’immesurable. Tout est trop grand pour nous, pourtant l’histoire de l’alliance de Dieu avec les hommes continue de s’écrire encore aujourd’hui. C’est à nous d’y consentir pour notre part, et en cela nous n’avons pas de meilleur guide que Joseph.

Vendredi 20 mars
« Toutes les nations viendront te reconnaître, Seigneur, et rendre gloire à ton nom ; car tu es grand et tu fais des merveilles, toi qui es le seul Dieu » Psaume 85, antienne d’ouverture de la messe du jour.

Réjouissons nous d’être aimé, d’être au coeur de l’attention de notre Dieu même si nous nous ressentons dans une réalité harassante ou difficile.
N’oublions pas de tenir notre vie ouverte dans notre prière, c’est là que le Seigneur nous rejoint.

Samedi 21 mars
« Pitié pour moi mon Dieu dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché. » Psaume 50

Implorer la pitié du Seigneur nous semble sans doute un peu passé d’époque. Cela nous inspire une certaine forme de sévérité, de jugement divin difficile à entendre tel quel. Cependant l’attitude de celui qui implore devrait pouvoir nous toucher. Il s’avance tout entier et ne cherche pas à amoindrir ce qu’il fait ou ca qu’il n’a pas fait. L’amour que le Seigneur nous porte sollicite toute notre personne, et sa miséricorde redonne vie à tout ce qui est en nous blessé, abîmé. Rien n’est trop grand pour l’amour de notre Dieu c’est pourquoi il est si bon de nous laisser enveloppé entièrement de sa bonté.

Lundi 23 mars
« On bâtira des maisons, on y habitera : on plantera des vignes, on mangera leurs fruits. » Livre du prophète Isaïe au chapitre 65

Le plus grand désir de notre Dieu est que nous soyons heureux avec Lui. Pourquoi en douterions-nous ? Accueillons au début de cette nouvelle semaine ses paroles pour ce qu’elles sont. Une bénédiction pour notre vie, un appel à la joie, n’allons pas lui tourner le dos.

Mardi 24 mars
« Il y avait là un homme qui était malade depuis 38 ans. Jésus le voyant couché là et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps lui dit : Veux tu être guéri ? » Evangile selon Saint Jean au chapitre 5

Curieuse parole que celle de Jésus aujourd’hui. Pourquoi vérifier le désir de guérison d’un homme infirme depuis 38 ans ? Mais lui, est-il bien sûr qu’il veuille s’ouvrir à une guérison possible. Nous portons avec nous bien des infirmités qui nous marquent, mais le désir de nous en libérer n’est pas toujours bien clair. Demandons au Seigneur cette grâce de savoir lui demander un geste pour nous, avec des mots simples qui puissent bien dire ce qu’ils veulent dire.

Mercredi 25 mars
« Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole. » Evangile selon Saint Luc chapitre 1

Consentir à ce que le Seigneur demande, pouvons-nous connaître une plus grande joie ? Encore faut-il prendre le temps de découvrir ce que le Seigneur demande, lui laisser la parole, en accueillant le messager qui nous est envoyé et qui ne se reconnaît pas toujours au premier coup d’œil.
Prions les uns pour les autres, et demandons à Marie la grâce de nous laisser visiter.

Jeudi 26 mars
« Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui » Livre de l’Exode chapitre 32

« Les hébreux du livre de l’Exode sont impressionnants de pragmatisme. Puisque leur Dieu ne semble plus vouloir exaucer les moindres de leurs désirs mieux vaut en adorer un autre fabriqué de main d’homme. Un Dieu qui fait ce qu’on lui demande, à notre petite mesure, un Dieu sous contrôle, une idole.
Devant combien d’idoles nous agenouillons nous avec complaisance ? Et si l’occasion était venue de nous en libérer. Le Seigneur pourra nous y aider.

Vendredi 27 mars
« Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses il les délivre. » Psaume 33.

Un jour ou l’autre nous faisons l’expérience d’un dieu sourd à nos appels, c’est inévitable. Nous ne pouvons pas nous ressentir en communion pleine et entière avec notre Dieu à chaque moment de notre vie. Cependant nous pouvons toujours faire le choix, dans les moments troubles, d’accrocher notre espérance un peu plus haut que nos seuls sentiments. C’est une affaire de confiance et de simplicité de cœur qui peut nous être donnée en empruntant les mots d’autres croyants.

Samedi 28 mars
« Notre Loi permet –elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Evangile selon Saint Jean au chapitre 7

« Il est bien courageux ce Nicodème pour résister à l’hystérie collective qui monte et qui ne tardera plus à réclamer la vie de Jésus ! Il rappelle seulement quelques fondements simples comme celui d’une justice par nécessité contradictoire, à défaut d’être une justice réelle.
Nicodème n’insistera guère et Jésus sera bientôt arrêté, mais son courage peut aussi nous conduire aujourd’hui.

Lundi 30 mars
« Si je traverse les ravins de la mort je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure. » Psaume 22

Ce n’est pas tout à fait rien que de traverser les ravins de la mort, mais cela peut aussi nous arriver. Au début de cette semaine remettons au Seigneur tout ce qui dans notre vie est contraire à la Vie en lui tournant le dos. Il s’agit de nous laisser guider, de reprendre le chemin, de retrouver les marques que, dans sa grande bonté, le Seigneur dispose sous nos pas.

Mardi 31 mars
« Pourquoi nous avoir fait monter du pays d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert ou il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés par cette nourriture misérable. » Lecture du livre des nombres au chapitre 21

A la fatigue du chemin, au dépouillement et à l’insécurité qu’il entraîne, s’ajoute l’humiliation d’une nourriture inappétissante et informe. Cela fait beaucoup pour des hébreux mis à rude épreuve depuis longtemps.
Le sens de l’existence nous apparaît parfois bien indéchiffrable, trop lourd pour nous. Notre prière fait elle un écho à notre situation réelle ? Le Seigneur nous rejoint dans notre vraie vie, pas dans une autre.

Mercredi 1er avril
« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, alors vous connaitrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Evangile selon Saint Jean ch 8

Vivre libre, un rêve que nous fragilisons nous même en acceptant de nombreux asservissements. Croire, faire confiance devient difficile dans ce contexte. Nous pouvons demander au Seigneur de faire grandir notre liberté profonde, celle qui nous donne de choisir de nous attacher, d’aimer, de suivre.

Jeudi 2 avril
« À toi et à ta descendance après toi je donnerai le pays où tu résides, tout le pays de Canaan en propriété perpétuelle, et je serai leur Dieu » Livre de la Genèse chapitre 12

L’alliance de Dieu avec les hommes est gratuite, définitive, elle est bien trop grande pour nous. Elle n’est pas un doux remède à nos difficultés, une évasion artificielle de la dureté de notre monde. Elle est un chemin dans lequel je m’engage, un chemin qui prend toute ma vie et me renouvelle chaque jour. Bénis sois tu Seigneur !

Vendredi 3 avril
« Chantez le Seigneur, louez le Seigneur, il a délivré le malheureux de la main des méchants. Livre de Jérémie au chapitre 20

Les prières des prophètes peuvent parfois nous apparaître naïve, pourtant à les lire on mesure bien les contextes difficiles, parfois tragiques qu’ils ont du traverser. Entre obscurité et lumière le prophète ne perd jamais le sens du chemin. Il crie, il chante, il se lamente, il proteste mais il reste vivant de tout son être. Qu’il en soit ainsi pour moi aujourd’hui !

Samedi 4 avril
La jeune fille se réjouit, elle danse ; jeunes gens, vieilles gens tous ensemble ! Je change leur deuil en joie, les réjouis, les console après la peine. » Cantique de Jérémie au chapitre 31

La bible n’est pas un livre inerte, c’est un livre de Vie. Se ressentir en communion pleine et entière avec notre Dieu ouvre notre coeur à une joie dont nous ne connaissons pas la mesure. Il faut être prophète pour entrevoir cela. Mais notre prière peut s’appuyer sur leurs images. Nous voilà au cœur de la fête éternelle ; celle où chacun a sa place, où la tristesse du deuil se change en germe de joie. La joie d’être pris dans un même amour, jeunes gens, vielles gens, tous ensemble.

Lundi 6 avril
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » Psaume 26
Au jour de notre baptême nous avons reçu une lumière. Une lumière simple et nue comme l’est la fragile flamme d’une bougie.
Nous avons sans doute traversé bien des coups de vents, nous avons peut-être oublié la lumière mais elle ne s’est pas dérobée pour autant. C’est la lumière du Christ qui nous aime jusqu’au bout. Avec reconnaissance entrons dans le mystère de Pâques qui nous ouvre à la Vie plus forte que toute mort.

Mardi 7 avril
« Amen, amen je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. » Evangile selon Saint Jean au chapitre 13.

Nous n’aimons pas ces paroles de Pierre, elles nous blessent, puisqu’elles nous ramènent à notre incapacité à aimer. Bien sûr nous le savons, comme Pierre nous faisons l’expérience de ne pas être à la hauteur, de nous défiler de ce qui nous revient et c’est une déception amère.
Si nous ne l’éprouvons pas, nous ne pouvons pas continuer à grandir, notre désir s’est tu.
Le coq chante pour moi, mais le regard du Christ est aussi pour moi et il me sauve.

Mercredi 8 avril
« Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. » Livre du prophète Isaïe chapitre 50

Toute ma vie ne s’épuise pas dans les obscurités du monde ni celles de ma propre personne. Il y a en moi cette ouverture à plus grand, ce puits de lumière qui jamais ne se ferme, même dans les moments les plus complexes. Cela aussi est à reconnaître, pour moi, mais aussi pour les autres qui me le permettent, même lorsqu’ils ne le savent pas.

Jeudi 9 avril
« Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Evangile de Jean au chapitre 13

Servir. Il n’y a pas d’autre horizon à la suite du Christ, ou alors un horizon factice duquel le Seigneur est absent.
Servir. Non pas comme un devoir à faire pour cocher les bonnes cases. Servir par amour, par désir le plus profond, servir comme une urgence parce que c’est la Vie.

Vendredi 10 avril
A l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on avait encore déposé personne. A cause de la préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. Evangile selon Saint Jean chapitre 18

Jésus est mort. Il n’a rien repris du don de sa vie. C’est un acte d’amour qui me dépasse complètement, comme il dépasse les rares fidèles restés au pied de la croix. Nicodème est de ceux là. Ses actes ne font pas de bruit, mais ils sont réels, ajustés au moment présent, et cela est grand. Moi aussi je me recueille dans le silence de la nuit. Il n’y a rien que je puisse faire sinon d’être là, pour rien, pour l’essentiel, comme un acte de foi.

Samedi 11 avril
Le samedi Saint est le temps pour la prière et le silence intérieur.

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