Sixième dimanche de Pâques

Dans mon ministère de prêtre ce qui me nourrit particulièrement, ce que je recherche et dont je suis un peu privé en ce moment, est la rencontre des personnes.
En effet lorsque la rencontre est confiante, marquée de liberté, de gratuité mais aussi de respect on en vient vite aux questions profondes. Préparer un mariage à l’église ou le baptême d’un enfant est aujourd’hui un véritable choix dans lequel il faut se positionner, car ce n’est pas la société qui donne beaucoup d’encouragements ou de repères pour avancer, alors il faut creuser soi même et chercher où poser des fondations solides.
Lorsque je sens suffisamment de confiance je demande souvent aux personnes ce qu’elles reconnaissent dans la foi des chrétiens et qui les incitent à solliciter un sacrement de l’Eglise.
La réponse tient le plus souvent dans « les valeurs que portent l’Eglise » Amour des autres, partage, tolérance….Les plus courageux, ceux qui ressemblent un peu l’apôtre à Thomas, me font d’ailleurs parfois observer que l’église n’a pas toujours donné le bon exemple sur les valeurs qu’elle enseigne, ce qui n’est ni tout à fait juste, ni tout à fait faux.
Les plus observateurs se sont aussi quelquefois rendus compte que cette réponse ne me convenait pas complètement…on peut lire sur un visage vous le savez bien !
Est ce à cause de trop de discours systématiquement moralisateurs de la part de l’Eglise qu’une équivalence entre foi et valeurs s’est mise en place ? Je ne saurais le dire mais il est vrai qu’elle ne me convient pas.
D’abord je ne vois pas bien pourquoi nous pourrions nous prétendre experts en « valeurs » quand bien des femmes et des hommes, ne se reconnaissant pas dans la foi des chrétiens, peuvent nous surpasser dans le don d’eux mêmes et leur capacité à servir. D’autre part nous savons bien que ni notre foi, ni notre assiduité dans sa pratique, ne nous garantissent une conduite toujours droite et généreuse.
Pour moi la foi chrétienne n’est donc pas ce système de valeurs opposable au commun des mortels. La foi est un attachement, une attirance au sens très affectif de ce terme, pour la personne de Jésus dont nous reconnaissons qu’il nous a aimé le premier, qu’à cause de cela il a donné sa Vie pour la nôtre et que cela nous confond, nous émeut, nous touche jusqu’à l’intime de nous même.
En conséquence je ne crois pas qu’il faille lire l’évangile comme un précis de bonne moralité, mais plutôt comme un appel à aimer, très au delà de ce que nous mettons le plus communément sous ce mot.
Voir Jésus capable de s’approcher de toute misère, de toute forme de maladie, comprendre qu’avec lui l’avenir reste inconditionnellement ouvert et que par lui la vie peut naître et renaître toujours, suscite un élan très profond que quelques mots ne sauraient circonscrire.
Thomas s’est agenouillé, Pierre a pleuré, la femme de Samarie est allée portée son émerveillement dans toutes les maisons, les disciples d’Emmaüs ont fait demi tour sur le champ….Devenir ami de Jésus transforme toute la vie, l’amour qu’il nous porte donne un relief insondable à nos toutes petites réponses, parce qu’il n’y a pas de plus grand bonheur que de donner sa vie, comme Jésus lui même l’a donnée pour nous.
« La joie de l’évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux que rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver pas lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. » Pape François Mathias

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